Jusqu’à présent, les études nabokoviennes ont tendance à ignorer l’influence de la culture allemande sur l’œuvre de Vladimir Nabokov. Ce faisant, elles se conforment aux propos de l’écrivain qui a fréquemment déclaré que, malgré ses quinze années passées en Allemagne (1922–1937), il a toujours évité tout contact avec la langue et l’univers allemands.
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Pourtant, bien que l’émigration russe à Berlin vive en vase clos, les frontières entre les mondes russe et allemand ne sont pas si étanches, ce qui apparaît nettement dans les fréquentes allusions littéraires de l’écrivain à des œuvres de littérature, de cinéma et de peinture allemandes. Le présent ouvrage a donc pour objectif de lire l’œuvre de Nabokov dans le contexte de l’art allemand de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, notamment de l’esthétique expressionniste et de trois de ses grands thèmes majeurs, à savoir l’altération du psychisme humain, l’ambivalence de la figure féminine et la représentation de la grande ville. Il vise ainsi à proposer une nouvelle interprétation des œuvres russes de Nabokov, à reconstruire le contexte culturel berlinois (cinéma et peinture) dans lequel ces dernières furent créées et à montrer que l’écrivain n’était pas si hermétique à la culture allemande qu’il voulait bien le laisser entendre