Pendant toute la période coloniale, la France s'est fortement impliquée dans l'organisation des déplacements et du séjour des pèlerins musulmans de son empire aux Villes saintes de l'islam. Cet investissement n'a pas été sans difficultés.
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Interdit aux non-musulmans, le pèlerinage à La Mecque (hajj) a souvent été à l'origine de peurs et de fantasmes, entraînant en retour chez les voyageurs et autres explorateurs le désir de transgresser ce tabou. Quand les agents coloniaux et consulaires y voyaient un foyer de fanatisme où se tramaient des complots contre la domination européenne, les médecins sanitaires s'inquiétaient des conséquences pour l'hygiène publique de la réunion annuelle de plusieurs centaines de milliers de pèlerins dans une province dépourvue de toute protection sanitaire. C'est cette longue familiarisation des Français avec les Lieux saints de l'islam que ce recueil propose au lecteur de découvrir. Les différentes dimensions du hajj, politiques, religieuses, diplomatiques, sanitaires ou encore anthropologiques y sont abordées selon une double entrée, chronologique et thématique, à travers toute une série de documents inédits où les récits de voyage côtoient les rapports sanitaires et les témoignages de pèlerins font écho aux dépêches diplomatiques et autres reportages. L'ensemble de ces documents comme les correspondances qu'ils entretiennent les uns avec les autres nous invitent à considérer les relations contemporaines de la France et du monde musulman sous une lumière différente et à mesurer à quel point pèlerinage à La Mecque fut bien à cette époque une affaire française. : 4e de couverture