Les conflits sont fertiles en discours d’accusation ou de justification. Ils provoquent des prises de position qui prétendent exprimer les sentiments d’une large opinion, ou la prendre à témoin. Et nombreux sont les acteurs qui veulent profiter des temps de troubles pour promouvoir un projet politique.
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D’ailleurs, n’est-ce pas par leur existence même que les conflits génèrent une politisation ? Cette approche croisée pose de multiples problèmes, à commencer par l’émergence de l’opinion publique : se produit-elle, comme le pensait Jürgen Habermas, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ou bien plus tôt ? De même, la notion de politisation doit être maniée avec précaution, pour éviter toute forme d’évolutionnisme un peu naïf. Aborder ces questions sur le temps long, comme le propose cet ouvrage, permet ainsi d’ouvrir de nouvelles pistes et de se prémunir tout autant des fausses continuités que des ruptures illusoires. C’est donc un chantier conceptuel passionnant que les contributeurs de cet ouvrage ont ouvert. Leur pari : faire bouger les lignes en analysant la politisation et l’opinion par le biais de l’histoire des conflits. Ce livre voudrait ainsi sortir de certaines impasses nuisibles à la recherche historique et nourrir un dialogue constructif avec l’ensemble des sciences sociales